Une autre femme

Soyons honnêtes, malgré fout le génie qu’il faut reconnaître à Woody Allen, lorsqu’il fait dans le sérieux, le mélodramatique et psychologique «bergmanien», ça craint sec ! Et des films comme «Stardust memories», «Intérieurs», «September» ou même le récent « Crimes et délits » sont des petits monuments d’ennui. En revanche, les petites galeries de personnages («Hannah et ses sœurs»), les évocations nostalgiques («Radio days») ou les petites fresques coquines («Comédie érotique d’une nuit d’été») pétillent comme du champagne. « Une autre femme » fait dans le «bergmanien» tragique, mais c’est l’exception qui confirme la règle ! En racontant les angoisses d’une intellectuelle quinquagénaire new-yorkaise (superbement interprétée par Gens Rowlands, l’épouse de John Cassavetes), Allen touche quelque chose d’essentiel. Cette femme qui maîtrise sa vie, professionnellement et affectivement, va prendre conscience de la faille intérieure qui l’habite, par hasard, en surprenant, par une bouche d’aération, le récit d’une jeune femme à son psychiatre. Ces dramatiques confidences possèdent d’étranges et troublantes correspondances avec sa propre histoire. Avec cette femme qui s’interroge et se remet en question, Allen nous entraîne dans un film émotionnellement prenant, dont l’humour n’est jamais absent. Un bon cru 88, puisque le cinéaste travaille dorénavant au rythme d’un film par an.

Roselyne et les lions

Roselyne et les lionsL’année du bac, Thierry sèche les cours pour prendre des leçons de domptage au zoo de Marseille. Passion partagée avec Roselyne. Ensemble, ils prennent la route, long chemin de l’initiation qui les mène en Allemagne, à Munich, au gigantesque cirque Koenig. Là commencent les difficultés pour le jeune couple : jusque-là, ils ont partagé la même ambition, le même amour des fauves. Mais quand vient le jour J, c’est sur Roselyne que s’arrête l’œil des professionnels : une jeune fille dans la cage aux lions, c’est plus gratifiant, bien sûr, surtout que la petite Pasco est magnifique dans son maillot scintillant. On comprend le patron du cirque. Et on comprend aussi que ce Beineix, après le frénétique et intense «372 le matin», se soit quelque peu ramassé. Car les affres de l’apprentissage semblent interminables à l’écran. Et les bisbilles d’Isabelle et de son copain ne nous bouleversent pas. Si bien qu’il faut attendre, en réprimant quelques bâillements, le dernier quart d’heure qui, lui, vaut le coup d’œil : c’est le numéro enfin achevé, de la belle et des fauves. Heureusement, on reste sur ce point d’orgue qui, avec la Dolby, nous en met plein les oreilles comme l’image nous en met plein la vue.

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