Made in USA

Pendant les combats, l’occupation (des écrans) continue. Menu des chaînes hertziennes, le dimanche 6 avril â 22 h 40. Sur TF1, 58 minutes pour vivre avec Bruce Willis, modèle de Bush, qui va encore une fois sauver le monde – enfin, un aéroport attaqué par des barbouzes à la solde d’un narco-général sud-américain. France 2 : dans Jeux de guerre (sic), Harrison Ford, ex agent de la CIA, ferraille contre IRA (= Irak?). Sur France 3, le JT diffuse les rebondissements de la bataille de Bagdad. Arte : Yul Brynner, alias Taras Bulba, mène l’armée cosaque à l’assaut des Polonais envahisseurs de l’Ukraine. Bref, le conflit irakien est un film de guerre comme les autres. C’est en tout cas ce qu’il ressort de la vision des hostilités dans les récents JT, mises en sandwich entre deux tranches de fiction made in USA.

Car les Etats-Unis demeurent le principal fournisseur de fiction, bon marché et pléthorique, du petit écran. Le but ultime n’est-il pas, au-delà des enjeux géopolitiques, au-delà du pétrole, le développement de l’industrie culturelle américaine? Le conflit irakien n’est-il pas la simple bande-annonce du film que Spielberg, Coppola ou Ridley Scott tourneront bientôt? Au même moment, des pubs télé matraquent la sortie vidéo du film de guerre Windtalkers de John Woo. Coïncidence? Les Américains font la guerre pour défendre leurs valeurs, c’est-à-dire leur culture, c’est-à-dire leur commerce, c’est-à-dire pour essaimer leurs produits sur un plus vaste territoire. Et ils font des films pour vendre la guerre, pour la rendre populaire et addictive, y compris chez leurs soi-disant détracteurs, accros aux images du conflit (où les soldats se prennent pour Nicolas Cage dans Windtalkers). Quel sera le montant des droits dérivés des bombardements?

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