Un commissariat de Los Angeles. Les flics patrouillent à travers la ville par équipe de deux et se retrouvent le soir pour beuveries et rodomontades interminables. Quelques années plus tôt, ils étaient au Vietnam, où ils ont fait l’apprentissage de la violence aveugle. Brutaux, ratés, irresponsables, ces « enfants de chœur » comme les nomme le titre original (« The choir boys ») accumulent les bavures et jouent les durs en s’attaquant aux « métèques » de toutes sortes. Le scénario est complexe, on suit alternativement chacune de ces équipes et leurs exploits lamentables. Sous la direction d’un Aldrich en grande forme, les comédiens s’en donnent à cœur joie. A mi-chemin entre le réalisme et la caricature, voici un tableau outrancier et vraisemblable de ces « gardiens de l’ordre » qui survivent par esprit de corps en tentant d’oublier leur profond désarroi. Comme toujours chez Aldrich, c’est avant tout un film d’action, qui ne nous laisse pas le temps de souffler.
Le grand sommeil
« The big sleep », adapté par Howard Hawks d’un roman de Raymond Chandler, avec le couple légendaire Humphrey Bogart-Lauren Bacall, reste un des plus fameux « films noirs » d’Hollywood. La politique des remakes systématiques a offert à Robert Mitchum la possibilité de reprendre le rôle de Marlowe dans cette transposition relativement fidèle – si ce n’est qu’on passe du noir et blanc à la couleur, ce qui change tout, et de la Californie à Londres. Il faut reconnaître que Mitchum est tout à fait à l’aise dans la peau du fameux détective (d’ailleurs, il avait déjà incarné Marlowe dans « Adieu ma jolie », un autre remake, signé Dick Richards). On retrouve également Sarah Miles, une actrice qu’on voit trop peu, l’inquiétant Oliver Reed, la séduisante Joan Collins, sans oublier un James Stewart ironique comme d’habitude, dans le rôle du général… Une belle distribution, une mise en scène correcte, une photo impeccable c’est un magnifique produit qui, s’il n’a pas l’inspiration de son modèle, se laisse suivre avec un vif intérêt.
